Le Manta se rapproche de cette idée. Ce drôle de poisson flottant n’avale pas du plancton mais du plastique ! Le navigateur Yvan Bourgnon à la tête de ce projet a eu l’idée de reproduire le système de filtrage d’animaux marins comme la raie Manta (d’où le nom) mais pour nettoyer en surface les océans. Cette initiative lui vient d’un constat fait sur la présence de plastique sur les océans durant un tour du monde de 2013 à 2015. Aux grands maux, les grands remèdes !
Le futur bateau s'étendrait en effet sur 56,5 mètres pour un poids de 1900 tonnes. Un sacré bâtiment transportant seulement 34 personnes dont 12 passagers scientifiques qui pourront réaliser des travaux de recherche sur la qualité de l’eau, son taux de pollution etc… Et du plastique il va y en avoir !
Les capacités de traitement du navire seraient d’environ 5000 à 10000 tonnes de plastique par an, un chiffre engageant bien que selon Greenpeace, nous en rejetons 8000 à 12000 tonnes par an… Ces plastiques d’un volume supérieur à 1 centimètre seront ensuite triés à bord après avoir été remontés par une rampe située entre les flotteurs du catamaran géant. Le bâtiment sera également équipé de deux grues à l’arrière pour les déchets importants et de deux plus petits bateaux pour les zones inaccessibles. Un processus de pyrolyse attendra ensuite les déchets non recyclables pour les convertir directement en carburant pour le bateau, complété par des panneaux solaires, des éoliennes, des hydro-générateurs mais aussi des groupes électrogènes, l'idée étant de minimiser le recours aux énergies fossiles : quitte à faire, autant aller jusqu’au bout ! Les zones d’opération de ce bateau seront l’océan indien, le pourtour africain et l’Amérique du nord, en particulier aux embouchures des fleuves qui ramènent à l’océan les déchets terrestres. Le premier bateau devrait être opérationnel en 2024.
Si l’idée paraît sans faille, elle n’est pourtant pas encore aboutie, l’association de Yvan Bourgnon « Seacleaners » ayant pour le moment récolté 10 millions d’euros sur les 30 nécessaires à la réalisation du projet et s’appuyant sur le mécénat et des collaborateurs comme Air Liquide ou Technip. De plus certains trouvent cela insuffisant, comme François Galgani selon qui la pollution doit d’abord être réduite sur terre car nettoyer les océans parait impossible. Pour Stéphane Bruzaud, le problème principal à traiter réside au niveau des microplastiques, de 330 microns à 5 millimètres, donc non pris en charge par le Manta…
Si ce projet comporte des points à revoir, il n’est pour sa part pas néfaste pour la planète et représente la preuve d’une action pour la planète qui peut paraître un pas de géant venant d’une association par rapport aux « avancées » infinitésimales étatiques et internationales…
08.02.2022 - "Et pourquoi pas ?" - L'Abdoul
Comments