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brelyceecarnot

Last Night in Soho

Dernière mise à jour : 9 juin 2022



Quand Eloïse Turner, capable de voir les fantômes, revit les années 1960 du point de vue d’une jeune chanteuse en devenir, elle comprend à ses dépens que les rêves deviennent réalité…

Sorti dans nos salles le 27 Octobre, le dernier ajout à la filmographie d’Edgar Wright a fait l’objet d’une analyse scrupuleuse de notre rédaction, afin de vous dire si ce voyage temporel en compagnie de Matt Smith vaut les autres sauts dans le temps du Onzième Docteur.



 


You Know You’re Not Asleep : Tout d’abord, l’histoire. Last Night in Soho suit Eloïse Turner, jeune fille pleine de rêves et d’espoirs, qui se rend à Londres pour étudier la mode et devenir styliste. De manière assez habituelle, la campagnarde aux goûts excentriques est rejetée par la fille populaire qui lui sert de colocataire, si bien qu’elle décide de quitter sa résidence universitaire, pour se trouver un appartement et un travail dans le quartier londonien éponyme : Soho. Dans sa chambre, chargée de souvenirs, elle rejoint la nuit un Soho en pleine période des Swinging Sixties, et rentre dans la peau de Sandie (Anya Taylor Joy), jeune chanteuse dont elle va partager l’histoire, une histoire à l’ombre des projecteurs. Pour éviter les spoilers, je ne ferai que des remarques très générales, car le scénario est véritablement très prenant, et très oppressant. On se prend très vite au jeu d’Eloïse, incarnée par Thomasin Mckenzie, qui emplie de curiosité attend avec impatience chaque nuit dans sa chambre, pour revivre la carrière de sa star. L’actrice joue avec brio l’attitude très empathique de la jeune étudiante, ce qui dévaste le spectateur quand l’horreur prend le pas, que la vie de rêve de Sandie tourne au cauchemar, que les promesses du beau Jack (Matt Smith) s'avèrent n'être que des mensonges et que l’ambiance devient extrêmement oppressante pour l’héroïne. Malgré quelques éléments prévisibles, le scénario co-écrit par Edgar Wright et Krysty Wilson-Cairns est des plus haletant, avec quelques rebondissements vraiment surprenants, les moments qui semblent calmes demandant en fait une attention accrue du spectateur aguerri, qui peut s’il est attentif voir des indices savamment dissimulés. Véritable fer de lance, l’intrigue à la fois profonde et facile à comprendre (puisque les réponses sont données très presque trop explicitement à la fin) est la première grande qualité du film, qui nous garde bien au fond du siège pendant 1h57. Il faut cependant reconnaître une certaine longueur dans les premiers instants du film, qui prend bien son temps pour s’installer, au grand désarroi du spectateur un peu pressé, et qui peut même être piégeux dans ce début très tranquille, qui contrebalance l’atmosphère de constante oppression psychologique qui s’installe passé un bon tiers du film. Ne vous y méprenez pas, c’est un film d’horreur psychologique, qui raconte une histoire tragique, et qui montre un trauma, une peur rampante qui menace toujours de frapper (par quelques jumpscares notamment).


Soho, Haut Lieu de Son : Pour les connoisseurs d’Edgar Wright, qui a réalisé des films comme Baby Driver, ou l’exceptionnel Scott Pilgrim Vs. The World, il est évident que Last Night In Soho se sert aussi de la musique comme un des médias premiers de l’intrigue. Il n’est pas question ici de bruitages, mais bien de musique, car elle est au centre du film et, tel un vinyle, constitue la plateforme sur laquelle l’aiguille de l’intrigue se balade et joue sa mélodie. La musique est le déclencheur de la rêverie d’Eloïse, c’est sa passion pour la musique des années 1960 qui la projette dans cette histoire, et la bande-son de qualité est là pour sublimer par le son les images produites. “Ellie” comme elle aime à se faire appeler s’inspire des chansons de l’époque et fait baigner le spectateur dans cette époque musicale. Ainsi les plus cultivés d'entre vous reconnaîtront les classiques qui composent la bande son : You're My World et Anyone Who Had A Heart de Cilla Black ou encore Last Night In Soho du collectif Dave Dee, Dozy, Beaky, Mick & Tich. Regardez donc les vinyles qui traînent un peu partout, de quoi faire sourire encore une fois le spectateur attentif. Le son musical, mais aussi celui des voix, qui reviennent comme une obsession, l’écho d’un temps passé. Le spectateur assiste à la dégénérescence de l’esprit, à travers le son, à travers les phrases, qui petit à petit se corrompent, et il y a un plaisir dans la sensation de répétition, de rappel, un plaisir pervers puisque chaque occurrence renvoie à la première fois qu’on entend ces mots, qui pourtant changent de sens au fil du film mais restent les mêmes. Tendez l’oreille à chaque instant, et vous reconnaîtrez le vinyle dans son gramophone, qui tourne, parfois saute et reste coincé sur le même son, change de face, dévoile les émotions chaotiques du personnage… Bref, l’ambiance sonore porte le film et le nourrit, lui donne matière, et vient appuyer le scénario, tout comme elle sublime l’image.


Cadrage, mise en scène : Une autre des prouesses du film provient de la technicité de la mise en scène. En effet, les effets visuels sont bien réussis, d’autant plus quand le film se passe le plus possible d'effets spéciaux! La caméra bouge de manière extrêmement organique, regarder des making-offs en ayant le film en tête est tout bonnement époustouflant, et sans exagérer le mot, la réalisation, le jeu sur les angles, l'omniprésence du miroir comme élément qui reflète présent et passé dans l’autre monde, tout se complète pour créer une ambroisie des yeux. D’une certaine manière, le film se réinvente constamment, la caméra s’emballe avec la musique, tout en gardant des plans lisibles, puis tout se brouille quand la conscience de l’héroïne s’évanouit, et on sombre avec elle… De l’utilisation de la couleur, même constat très élogieux, il y a une vraie utilisation sensée de celle-ci, elle garde toujours cette apparence symbolique, qui amène à toujours interpréter sans que ce soit surfait. La chambre d’Eloïse, dans le quartier de Soho, donne par exemple vue sur un panneau publicitaire, dont la lumière oscille entre rouge et bleu, rouge et bleu… rouge… et bleu... et revoir ces couleurs renverra à chaque scène dans la chambre. Last Night In Soho est un film qui s’auto-référence, qui établit un filet d’idées toutes solidement liées, toutes se répondant les unes aux autres, et quand tous les points sont connectés on ne peut qu’adorer!


Vous l’aurez compris, il ne faut pas attendre votre Last Night In Carnot pour aller voir le nouveau chef-d'œuvre d’Edgar Wright sur, disponible sur les plateformes de streaming. C’est un thriller psychologique, porté par une ambiance parfois écrasante d’angoisse (physique), évidemment il ne saurait plaire à un public peu habitué de ce genre cinématographique; mais passé outre cette barrière qui ne devrait pas arrêter les plus grands cinéphiles, on se retrouve face à une oeuvre qui nous laisse admiratifs.



Yann Ours - 15 décembre 2021


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