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Et pourquoi pas transformer un appartement en espace d'exposition d'art contemporain ?

Dernière mise à jour : 9 juin 2022

- Interview Association Interface -



Photo-souvenir : Daniel Buren, Point de vue ascendant, travail in situ, oct. 2021, Hôtel de la Thoison, Banque de France, Dijon, Photo : Bruce Aufrere / TiltShift © Daniel Buren/Adagp



 

Sonnez et entrez dans un lieu d’art contemporain !


L’appartement au 12 rue Chancelier de l’Hospital à Dijon n’est pas un appartement comme les autres.


Être un tremplin pour les artistes en début de carrière, proposer à des artistes plus confirmés de réaliser une œuvre unique et promouvoir l’art contemporain pour le plus grand nombre : voilà les objectifs de l’association Interface.


Partons à la découverte de cette association dijonnaise avec Nadège Marreau, coordinatrice et chargée de médiation.


Il était une fois...


L’histoire commence en 1995. Frédéric Buisson et Olivier Nerry finissent leurs études à l’école des Beaux-Arts de Dijon mais comme pour beaucoup de jeunes artistes professionnels, aucune structure ne leur est proposée pour exposer leur travail aux yeux du public. Les lieux pour présenter l’art contemporain se limitent à des friches industrielles ou d’anciens espaces publics.

Ils recherchent donc un lieu d’exposition qui sera dans un premier temps un appartement au troisième étage d’un immeuble collectif. Ce premier appartement est ouvert uniquement pour les vernissages ou sur rendez-vous.

En 2002, l’équipe déménage rue Chancelier de l’Hospital pour poursuivre l’aventure.



L’appartement-galerie : un lieu original et source de créativité


En 2002, un amateur d’art propose aux deux artistes d'organiser chez lui une exposition rétrospective de leurs 5 premières années de travail. C’est donc grâce au hasard qu’un espace domestique se révèle être un lieu d’exposition.

Ce lieu atypique donne l’opportunité aux exposants d’imaginer puis de présenter des œuvres différentes de ce qu’ils ont l’habitude de produire.Ces derniers doivent s’adapter à l’identité du lieu, à son plafond peint, ses boiseries, son parquet. Chaque projet est pensé spécifiquement pour l’appartement.

L’association organise entre 4 et 5 expositions par an qui durent en moyenne 8 semaines. Ces expositions peuvent être individuelles ou collectives comme en 2007 avec la proposition d’Etienne Bernard et Arnaud Fourier « 2 pièces cuisine ».

Les deux commissaires d'exposition ont transformé le lieu en un réel appartement avec des objets du quotidien créés par des graphistes. Un univers familier mais « designé » et sur mesure pour l’appartement-galerie, en partie tapissé pour l’occasion.




"2 pièces cuisine", 2007, vue de l'exposition collective réalisée par Arnaud Fourrier et Etienne Bernard, Interface, Dijon



Le choix des artistes exposants


L’appartement-galerie, en tant qu’espace domestique de création, incarne l’esprit de l’association : les artistes doivent pouvoir se sentir comme chez eux.

Interface veut offrir la plus grande liberté possible à l’artiste. Aucun thème ou médium ne lui est imposé.

Un comité de sélection de 5 personnes se réunit pour définir la programmation.

Il n’existe pas une ligne directrice ou un thème commun pour la sélection, le comité choisit l’artiste dont le travail, porteur d’une réflexion sur notre société, est apprécié à l’unanimité.



Un tremplin pour les jeunes artistes et une scène pour l’art contemporain


Comme son nom l’indique, l’association Interface se veut être comme un tremplin entre l’école d’art et le circuit professionnel. Elle permet d’aider l’artiste nouvellement diplômé à poursuivre sa carrière, à produire de nouvelles pièces et à être vu par des professionnels.

Interface est en partenariat avec l’école des Beaux-Arts de Dijon depuis plus de 10 ans. Cette proximité se concrétise notamment avec une exposition annuelle de quelques étudiants présélectionnés par un enseignant de l’école. Hugo Capron, artiste plasticien et lauréat 2019 de la villa Kujoyama, une résidence d’artistes au Japon soutenue par l’institut français, a par exemple fait partie de l’aventure Interface.




"Intérieur inhabité de la maison", 2014, tirage

pigmentaire jet d’encre, contrecollé sur dibond,

80 cm x 53 cm

"Plafond de cellier", 2014, tirage pigmentaire jet

d’encre, contrecollé sur dibond, 80 cm x 53 cm

Tenir.trouer les murs, 2015, exposition collective, Marianna Capuano,

"S.S. Annunziata, Campania", Italie, 2014, tirage

pigmentaire jet d’encre, contrecollé sur dibond,

80 cm x 53 cm




« Un maillage local fort » : ceux qui font vivre l’association


L’association vit aujourd’hui grâce aux nombreux bénévoles motivés et engagés et grâce à l’aide de partenaires publics comme privés.

Elle compte aujourd’hui un emploi salarié et d’anciens étudiants de l’école des Beaux- Arts ou des étudiants en voie de professionnalisation qui accueillent et informent le public. Les deux fondateurs de l’association en sont aujourd’hui les directeurs artistiques.


Ce qui plait le plus à Nadège Marreau, c’est la proximité avec les artistes,le fait de pouvoir travailler directement avec eux.

Pas d’intermédiaire et un objectif commun entre les bénévoles : faire en sorte que l’artiste soit le mieux accueilli pour qu’il puisse réaliser son projet dans les meilleures conditions.



Rétrospective sur une exposition particulièrement marquante


Parmi les expositions nombreuses et variées, Nadège Marreau retient l’émulation de l’exposition collective de 2008 « Faudra qu’on en discute demain matin ».

Cette exposition a réuni 7 artistes français résidents en Belgique dont Jérôme Giller, originaire de Dijon. Leurs moyens d’expression étaient variés :dessin, performance, sculpture et vidéo. Une exposition « vivante » qui invite au dialogue et à l’échange. Elle s’est d’ailleurs prolongée dans la rue pendant la semaine du montage. Lise Duclaux, une des artistes de cette exposition collective, a offert le soir du vernissage des boutures de plantes en indiquant comment s’en occuper et en partageant des anecdotes sur chacune d’entre elles. Chaque bouture était accompagnée d’un certificat qui engageait le nouveau propriétaire à prendre soin de la plante. Des affiches étaient en libre distribution et un livre d’or était présent pour inviter le public à prendre part à l’exposition.



Interface : bien plus qu’une galerie d’art


Interface, un appartement galerie, mais pas que.

Pour rendre l’art contemporain plus présent, Interface multiplie ses formes d’actions en proposant plusieurs évènements.

Durant les 8 semaines d’exposition, le public est convié à un rendez-vous intitulé “Cycle Internote”.

Cette soirée débute avec une conférence d’un critique d’art qui apporte son regard sur l’exposition. Puis elle continue avec un concert en partenariat avec le centre de création musicale « Why Note » (on valide le jeu de mots). Et se termine par une dégustation d’une sélection de vins naturels (on sait recevoir en Bourgogne !).


Interface, c’est aussi la publication 2 fois par an d’un journal intitulé «horsd’œuvre » gratuit et distribué dans plus de 120 centres d’art ou fonds d’art régionaux d’art contemporain. En page centrale, un artiste réalise une création unique sous forme de poster.

Pour financer l’impression du journal, plusieurs exemplaires de ce poster sont ensuite imprimés et vendus sur le site internet de l’association. Chaque exemplaire est numéroté et signé par l’artiste.


L’association a également développé depuis 2007 un service de médiation dont le but est d’accompagner, d’encadrer des résidences d’artistes en milieu scolaire.


Enfin, des expositions extérieures qui s’intitulent « hors-les-murs » sont organisées.

Dans ce cadre, en 2020, Philippe Ramette a exposé dans le jardin de la Banque de France l'œuvre “point de vue” : une sculpture constituée d’une chaise orientée au sommet d’un mât de 9 mètres de haut. Elle est désormais acquise par la ville de Dijon et implantée dans le square des ducs.

Plus récemment, l’association a inauguré l’œuvre de Daniel Buren dans le jardin de la Banque de France, rue des Godrans. Ce projet incarne la notion de travail « in situ », lorsque l’œuvre est réalisée en fonction de l’environnement existant. En l’occurrence, Daniel Burren a imaginé un plancher évasé long de 35 mètres au motif des toits polychromes bourguignons qui s’incline soudainement au milieu du jardin, donnant l’illusion de prolonger le toit de l’hôtel particulier.



 

Pour les plus curieux : préparez vous au décollage !


L’exposition actuelle à Interface, intitulée « Baïkonour Tour Vol. 2» est réalisée par Sylvie Bonnot, photographe en résidence au CNES (Centre National d’Etudes Spatiales).

Cette série de photographies en noir et blanc nous invite à réfléchir sur l’imaginaire que nous évoque le mythe de la conquête spatiale. Un rêve qui révèle notre soif de découverte et notre fascination pour l’inconnu.

Vous avez jusqu’au 26 mars 2022 pour sonner et partir vers les étoiles!



Sylvie Bonnot, Ergolier 001, 2021, crédits : CNES, ESA ArianeSpace/CSG, 2007




08.02.2022 - "Et pourquoi pas ?" - Estelle VOGRIG

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