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Il met les pieds dans le plat (garni)


 

Vous l’avez déjà sûrement croisé au lycée, peut-être même vous a-t-il proposé ses fameux « invendus ». Reconnaissable à ses sacs bien garnis, Antoine André, élève de prépa HEC en première année lutte à sa façon contre le gaspillage alimentaire. Interview.


 

Cényl Tocare : Bonjour Antoine ! Pourrais-tu nous parler de ce que tu fais et pourquoi ?


Antoine : Bien sûr ! Une de mes valeurs fondamentales est la lutte contre le gaspillage alimentaire. Le soir après les cours, je vais en ville dans les boulangeries aux heures de fermeture pour récupérer tous les invendus auxquels je peux avoir accès. Je me nourris en premier lieu et j’en fais profiter les autres, que ce soient les gens dans le besoin ou des élèves du lycée. Cela permet de lutter contre le gaspillage alimentaire et d’en faire profiter tout le monde, donc l’avantage est double.


C.T. : Comment cette idée a-t-elle germé dans ton esprit ?


A. : Au début, j’achetais des paniers antigaspi sur différentes applications. Puis je me suis rendu compte qu’on pouvait pousser le système un peu plus loin, et qu’il y avait même possibilité dans certains endroits, d’avoir de la nourriture gratuitement et en plus grande quantité. Petit à petit je me suis renseigné et j’ai constitué mon réseau. J’en suis arrivé à pouvoir récupérer presque tous les soirs de la nourriture.



C.T. : Finalement quel est le vrai problème du gaspillage au niveau mondial aujourd’hui ?


A. : Le vrai problème c’est la surproduction. Quand on sait qu’un tiers de la nourriture produite journalière est gaspillée ou encore qu’un fruit et légume sur deux est destiné à être jeté à la poubelle, cela montre l’ampleur du problème. On serait aujourd’hui capables de nourrir plus de dix milliards d’habitants sur Terre avec ce qu’on produit. Je pense qu’il faudrait revoir nos modes de production et aussi nos modes de consommation car le gaspillage se fait aussi à toutes les échelles.



C.T. : N’aimerais-tu pas te lancer dans des projets plus ambitieux que celui-ci par la suite ?


A. : Etant actuellement dans des études qui demandent de l’investissement, je n’ai pas forcément plus de temps à consacrer à un projet d’une plus grande ampleur. De plus, le cadre dans lequel je fais ma quête aux invendus est assez sympa, ludique, et ne demande pas trop d’organisation. Mais pourquoi pas faire ça à plus grande échelle plus tard.



C.T. : Une anecdote ? Quels liens tisses-tu avec les commerçants ?


A. : A force d’aller toujours chez les mêmes commerçants (chez qui je sais que la récolte sera bonne), et de discuter avec eux, il y a presque une relation amicale qui se tisse, surtout avec ceux qui sont aussi sensibilisés au gaspillage alimentaire. Mais d’autres ne donnent rien ou n’en ont rien à faire, hélas !



C.T. : Quel a été le déclic pour toi ? Qu’est-ce qui t’a fait franchir le pas ?


A. : On voit avec les différents rapports scientifiques que le changement climatique devient une actualité assez grave, donc il faut agir au plus vite. En plus, la nourriture me tient à cœur, c’est un sujet sur lequel on peut aisément discuter avec moi. Qui plus est, je suis « gourmand et gourmet » donc c’est quelque chose qui me plaît sur le plan individuel et collectif.



C.T. : Y a-t-il des contraintes légales ?


A. : Malheureusement oui, et il faudrait que cette récupération d’invendus se fasse d’un commun accord entre les commerçants et les consommateurs et qu’entre ces derniers il y ait moins de règles contraignantes pour pouvoir récupérer des invendus. Actuellement, les magasins n’ont pas nécessairement le droit de donner gratuitement leurs invendus. Il faut faire évoluer la législation.



(Propos recueillis par) Simon POINTU - 10.06.2022

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