Ce petit dossier pédagogique n'aura pas la volonté d'être exhaustif, il a été réalisé par une personne de la communauté LGBTQIA+ , cette personne s'identifie au terme Queer, qui signifie "étrange" ou "bizarre". On parle en France de communauté « trans-pédés-gouines » J'espère que vous avez apprécié mon titre accrocheur, car il s'agit d'un exemple de retournement du stigmate. C’est une pratique démocratisée depuis les différentes révolutions dans la communauté LGBTQ+ et autour d’elle. Cette volonté de réutiliser les termes et les insultes, qui ont été pendant des décennies utilisés contre les personnes de la communauté, pour en faire des forces est essentiel dans nos appellations communes donc nos luttes. Mon objectif ici est de poser une base pédagogique pour vous, mais surtout pour nous, il est essentiel de bien nommer les gens et de respecter les termes qu’iels se sont choisis. Dans la communauté queer l'autodétermination est essentielle. Quand on n'utilise pas le bon genre et les bons pronoms pour s'adresser à une personne on la "mégenre". Et quand on parle d'un groupe de personnes comme étant des "pédés" ou des "gouines", on les insulte. On estime aujourd'hui que seules les personnes de la communauté, peuvent se revendiquer selon ces termes et c'est un acte politique. La manière de désigner les gens et les identités des minorités sexuelles / de genres est un acte politique. Les revendications ne se font pas dans l'intime, et cette demande (simple) d'acceptation et de respect des termes doit être acquise par le plus de monde possible. C'est dans un souci de respect (et pour votre éducation pardi) des gens bizarres (que nous sommes) que je vous invite à lire ce dossier qui éclairera, je l'espère, un peu plus vos esprits déjà si brillants.
- Agenre:
Se dit d’une personne qui n’a pas le sentiment d’appartenir au spectre binaire (homme ou femme), et qui ne se considère pas non plus entre les deux. C’est un individu qui ne se définit pas par une identité de genre particulière. Ces personnes peuvent vous demander de les genrer de façon neutre, c’est-à-dire via l’écriture inclusive avec la présence - au sein des adjectifs ou des noms – de la marque du féminin et du masculin. On peut aussi utiliser des tournures non-genrées. En un exemple d’écriture inclusive : Alex est allé·e·x chercher du pain pour ellui·x et ses ami·e·x.
- Allié·e hétérosexuel·e / Allié·e:
C’est la manière de décrire les personnes hétérosexuelles qui soutiennent le mouvement et les personnes LGBTQI+. Celleux que l’ont considère comme allié·es souhaitent l’égalité des personnes, peu importe leur identité de genre ou leur orientation sexuelle. Iels souhaitent généralement utiliser leur position dans la société pour atteindre cette égalité. Les allié·e·s veulent notamment changer les mentalités ainsi que les droits civiques en faveur des personnes LGBTQI+, et se battent contre les LGBTphobies.
Etre allié·e·s, c’est être contre les thérapies de conversion, c’est défendre le droit à la transition médicale des personnes trans, c’est lutter pour l’accès à la parentalité pour tous·tes via l’adoption, la PMA, l’homo-parentalité, la co-parentalité… la liste est longue.
- Aromantique, Asexuel·le:
Le terme aromantique désigne une personne qui ne ressent pas un besoin de relation amoureuse. La solitude et les amitiés que la plupart des personnes aromantiques créent avec les autres leurs suffisent.
L’asexualité est le fait de ne ressentir aucune attirance sexuelle, et cela en dépit de l’identité sexuelle ou de l’identité de genre de la personne concernée. Les personnes asexuelles ne ressentent donc pas le besoin de faire l’amour et n’ont pas de pulsion les conduisant à un rapport. Contrairement à beaucoup, elles ne ressentent aucune frustration dans cette absence de rapports intimes. Ces orientations font bien entendu partie de la communauté avec la présence de deux A.
- Binarité de genre:
La binarité est le contraire de la non-binarité. Lorsque l’on parle avec des personnes LGBTQI+, le terme décrit majoritairement le système dans lequel la société humaine a longtemps évolué. En effet, on a très longtemps considéré, et ce dans beaucoup de parties du Monde, que les seuls genres existants étaient les genres homme et femme. Ce n’est que récemment que l’on a commencé à reconnaître les genres des personnes trans, intersexes, et celles appartenant à d’autres genres que l’on ne pourrait tous citer. Avec la recherche historique, on prend conscience que le genre n’est pas binaire dans de nombreuses sociétés non-occidentales. A propos de cela, je vous recommande un ouvrage édifiant et abordable (car étant une vulgarisation efficace du sujet) Une histoire de genres de Lexie, transactiviste connue sur Instagram sous le pseudonyme @aggressively_trans
Alors Non-Binarité, qu’est-ce-que ça veut dire ? C’est un autre terme parapluie, une identité qui désigne un individu qui se situe en dehors de du genre binaire, ne se considère ni comme femme, ni comme homme. La manière de genrer cette personne dépendra sûrement de ses préférences, demandez !
- Bisexuel·le / Bi:
Une personne bisexuelle est une personne qui va éprouver une attirance pour les genres binaires mis en valeur dans notre société : les hommes et les femmes. Certaines personnes s’identifiant à la bisexualité peuvent tout de même éprouver une attirance pour des personnes non-binaires, cela dépend des interprétations que l’ont fait de cette orientation.
Pansexuel.le alors ? Ce terme conviendrait davantage à une personne qui peut ressentir des attirances indifféremment du genre du sujet de son désir.
- Cisgenre (en opposition à transgenre):
L’identité cisgenre est le fait d’avoir une correspondance entre son identité de genre (celle que l’on s’attribue), et le genre et sexe que l’on nous attribue à la naissance. Une personne cisgenre peut être hétérosexuelle, homosexuelle, bisexuelle, pansexuelle puisque le genre et l’orientation sexuelle ou romantique sont des concepts indépendants les uns des autres.
- Coming out (de l’anglais to come out, rendre public, révéler et chez nos amis québecois·es : sortir du placard)
I’m Coming Out by Diana Ross Starts Playing ;)
Révélation par une personne de son homosexualité/bisexualité/transidentité/non-binarité : Faire son coming out. Le coming out est déclinable pour toutes les minorités sexuelles et de genre. Aujourd’hui, la parole commence à être prise autour de l’obligation pour les 2.
La loi réprime également la publication de propos injurieux, diffamatoire ou caractérisant une provocation à la discrimination ou à la violence envers des personnes homosexuelles (les articles 24, 32 et 33 de la loi du 29 juillet 1881).
La provocation et la diffamation publiques sont punies d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende, et l’injure publique de 6 mois d’emprisonnement et 22 500 euros d’amende. Source : stop homophobie.com
- Trans:
La terminologie qui convient est transgenre et non transexuel.le (terme se rapportant à ce qui était considéré comme une maladie en France, le « transsexualisme » n’étant plus inscrit comme maladie mentale depuis 2010).
Etre trans, c’est un terme parapluie pour la plupart des personnes qui ne sont pas dans la « norme » de genre, trans signifie avant tout une forme subversive de rapport au genre. On n’est pas en accord avec son genre de naissance, on n’est pas forcément en accord avec un des deux genres binaires ; homme ou femme. Les femmes trans et les hommes trans sont des hommes, l’autodétermination, you remember ? Etre une femme trans, c’est subir des oppressions inouïes, la transmisogynie tue. Elle peut être accompagnée de racisme, de précarité, et des bagages traumatiques de la personne, qui aura vécu, vous vous en doutez, de nombreuses violences dans sa vie. Vivre et être trans c’est violent, surtout quand on n’a pas de cispassing (la personne semble être cisgenre et donne cette image aux autres) c’est une aide à la survie, une sorte de privilège à nuancer bien sûr. Je vous invite, si vous êtes des allié·es effectif·ves à vous interroger et à chercher à comprendre ce que ces personnes peuvent vivre, sans bien sûr les prendre en pitié. Spoiler, ce sont les plus fort.es d’entre nous. La question trans est au coeur des luttes LGBTQ+, leur accession aux mêmes droits que les personnes cis est essentielle, leurs soins et accompagnement doit être pris en charge. C’est une question de survie.
- Genderfluid:
Se définit souvent genderfluid une personne dont le genre n’est pas fixe, qui peut s’identifier à un ou plusieurs genre en une période donnée. Une personne fluide dans son genre peut se sentir femme ou homme, indépendamment du spectre binaire.
On fait face à une volonté de normaliser ces attirances : on n’annonce pas qu’on est hétéro ? Alors pourquoi annoncer qu’on est gay ?
Personne ne devrait « avouer » une orientation « hors de la norme » : on aimerait que ça soit juste normal ?
Cette annonce est nécessaire à cause de ce qu’on appelle la contrainte à l’hétérosexualité : on pense par défaut qu’un·e jeune va être hétéro et cisgenre. Si iel ne l’est pas, il lui faut rectifier cette idée chez chaque personne de son entourage. Dans le fond, c’est une forme d’injustice car les hétéros cisgenres n’ont pas à le faire. Dans une société plus inclusive, ça n’aurait plus de raison d’être car il n’y aurait pas d’idées préconçues et chacun·e serait d’office ouvert·e à la diversité.
Enfin, il faudra rappeler que ce n’est pas un choix, ni un délit, ni une faute que d’être gay;)
Différent de l’Outing : qui est un acte violent, de pur irrespect qui consiste à révéler l’orientation ou le genre de quelqu’un contre sa volonté.
- Dysphorie de genre:
Terme qui désigne un sentiment d’angoisse, de mal-être, parfois de souffrance chez un individu qui ne sent pas en accord avec le genre qu’on lui a assigné. Cela peut se traduire par une souffrance mentale, une forme de détestation ou de malaise avec certaines parties hautement genrées ou sexualisées de leur corps. On évitera toute la terminologie du type : « untel n’est pas né dans le bon corps... » en effet toutes les personnes trans ne font pas de transition médicale, et toutes n’ont pas forcément de dysphorie. On évitera également de préjuger du genre des personnes, vous savez que c’est okay de demander les pronoms hein ?
- Gay / Lesbienne:
J’espère ne pas avoir à écrire une définition de ces termes. Dans tous les cas ils reposent sur le principe de l’autodétermination des individus. Je peux faire une parenthèse sur l’attribution des termes en fonction de l’identité de genre : les personnes trans et non-binaire peuvent aussi être gay et lesbien.ne, de même que le genre, l’orientation sexuelle est susceptible d’évoluer au cours de la vie. On rappellera que le genre et l’orientation sont davantage des spectres plutôt que des cases figées et rigides… Et que toutes les attributions sont bonnes… tant qu’elles vous vont ! Un exemple assez radical me vient en tête, le lesbianisme politique repose sur le principe de la misandrie et les femmes/personnes nb (non-binaires) qui le pratique cesse volontairement de relationner avec des hommes cisgenres.
- Homophobie / Lesbophobie:
Définition d’Amnesty International : L'homophobie (du grec homo = identique et phobos = peur) est un rejet violent de l'homosexualité. La biphobie est un rejet de la bisexualité. Les personnes homophobes et biphobes ne tolèrent pas les personnes homosexuelles ou bisexuelles, qu'elles jugent "anormales". Cela se traduit souvent par des réactions de rejet, d'exclusion et d'hostilité. Cela peut mener à être violent verbalement et/ou physiquement envers les personnes perçues comme homosexuelles ou bisexuelles et ces violences ou discriminations peuvent aussi avoir lieu au sein de la communauté envers les personnes bi.
Il existe des délits homophobes punis par la loi
Dans le Code Pénal (article 132-77), l’homophobie est une circonstance aggravante lorsque l’infraction a été commise pour un motif homophobe (ex : meurtre, tortures, violences volontaires, viol, agressions sexuelles, menaces, vol et extorsion).
Pour aller plus loin je vous propose des recommandations culturelles
Auteurs/Autrices LGBT+, queer, féministes:
- Paul B.Preciado avec son incontournable Testo Junkie : Sexe, Drogue et Biopolitique
- Les poétesses noires américaines et lesbiennes incontournable : Audre Lorde, Adrienne Rich. bell hooks (toute leur bibliographie oui oui)
Ou bien Je transporte des explosifs, ils s’appellent les mots de Jan Clausen
- La nuit t’arrache à moi de Nanténé Traoré poète et photographe
- La bibliographie complète et la musique de Kae Tempest <3
- Le magasine Têtu est vraiment pas dégueu
- Sortir de l’hétérosexualité de Juliet Drouar (franchement révolutionnaire, court essai qui te change la vie)
- Troubles dans le genre de Judith Butler
- La pensée straight et Le corps lesbien de Monique Wittig (bae)
Comptes Instagram d’artistes, journalistes, militant.es:
- Tal Madesta : @tal.madesta journaliste transactiviste qui délivre une pensée et une culture militante riche et variée sur les enjeux des luttes actuelles
- Lexie : @aggressively_trans comme citée plus haut, elle a fait un travail fou et rédigeant son livre, elle tient un compte aussi documenté et utile
- Acceptess-T : @acceptesst est une association de santé communautaire trans et féministes
- XY Media : @xymediafr est le 1er média transféministe en France (incroyable, suivez-les)
- Lesbien Raisonnable : @lesbien.raisonnable est une sorte de Vanity Fair du gouinistan, si comme moi vous aimez les potins (lesbiens)
- Sapphosutra : @sapphosutra est un imagier des relations sapphiques, je recommande à mes adelphes queer et lesbien.nes
With love,
O8.02.2022 - "Et pourquoi pas ?" - Lou Guillard
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