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Ode aux pieds odorants (poésie)

Nous avons publié un journal sur les pieds

Mais pas non plus avec, soyez en rassuré(e)s.

Le Cényl Tocare ne craint la polémique.

Oui ces appendices suscitant la critique

Ils ne sont pas bien beaux, ils sentent un peu fort

On est de mauvais poil en se levant du gauche

Et c'est de leur faute si notre Achille est mort

Bref les pieds – tels cette rime – c'est plutôt moche.


Mais comment pouvons-nous lancer pareils jurons

À ceux qui pour la vie sont là et nous soutiennent ?

Nous avons peur de ce sur quoi nous reposons

Franchement farfelues ces idées qui nous viennent

Comment ? Vivre sans pied ? Ça ne tient pas debout

Les mains feraient l'affaire, elles si prodigieuses

Mais pour se tenir droit ce n'est pas un atout

Les pattes sans conteste ici sont plus fameuses.

Alors tout déconfit on relègue aux pieds puis

On les cache tantôt au fond de nos chaussettes

On assume à moitié le bout de nos gambettes

C'est devenu tabou, qu'on se taise depuis.


C'est souvent qu'on entend que les pieds seraient sales

Mais ce n'est pas eux qui trifouillent les stylos

Les poignées de portes et les barres de métros

Non mais décidément là on perd les pédales.


Mettre tout le corps sur un pied d'égalité

C'est mon simple souhait, mon unique exigence

Les champignons s'en sont très bien accommodé :

Un pied coiffé par un chapeau, quelle élégance !


À trop cacher le pied, il devient indécent

Il doit choisir entre dégoût et fétichisme

À l'heure actuelle, aimer les pieds, c'est déviant

Lui qui vous pousse en avant d'un pas dynamique.


Vous là ! Retirez-moi ces chaussettes aux pieds

Ce n'est pas le moment ? Je ne veux pas l'entendre

Vous lisez le journal, vous n'êtes pas pressé(e)s

Il est grand temps pour vos orteils de se détendre

Ils ne sont pas jolis ? Laissez cela aller

Ils ne sont pas parfaits, mais ce sont là les vôtres

On ne vous demande pas de les exhiber

Peu importe ce que peuvent penser les autres.


Donnez leur une place avec vous. Gambadez

Sur le parquet, dans la forêt, sur les galets

Dans les herbes voire même dans les graviers

Chaussures délacées, doigts de pieds délassés

Et vous serez heureux des moments partagés.


Arrêtons d'enfermer nos pieds dans des coquilles

Ce membre fidèle mérite un piédestal

Et j'imagine que vous l'aimez au final

Puisque mon poème, malgré quelques chevilles,

Comporte six cents pieds – tout pile j'ai compté.



Anonyme - 10.06.2022

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