L’Arctique est une zone qui est longtemps restée inexplorée et qui est pourtant l’objet de nombreuses convoitises. Beaucoup d’aventuriers se sont risqués à explorer les côtes des mers froides. C’est le cas de Jean-Baptiste Charcot, explorateur français qui meurt le 16 septembre 1936 aux larges des côtes de l’Islande lors du naufrage de son navire le « Pourquoi pas ? »
Une vie bien remplie:
Jean-Baptiste Charcot est surnommé le Commandant Charcot. On aurait pu le surnommer l’homme aux mille vies : champion de rugby, docteur en médecine, militaire et explorateur polaire. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il a eu une vie bien remplie ! C’est un grand sportif puisqu’il remporte le titre de champion de France de rugby à XV en 1896 puis est également double médaillé d’argent aux Jeux Olympiques d’été de 1900 qui ont lieu à Paris. Son père, médecin l’emmène avec lui dans plusieurs pays: en Islande, aux Pays-Bas, en Espagne ou au Maroc. De là vient son penchant pour les pays froids et surtout son aversion pour les pays chauds : c’est ce qui explique ses expéditions polaires par la suite. Parallèlement à cela, il devient médecin, suivant les traces de son père qu'il accompagne lors d'un voyage en Russie. Il devient même docteur en médecine de la faculté de Paris en 1894. Il continue sa carrière sportive en remportant plusieurs prix de rugby. Sa femme est également une célébrité: il épouse Jeanne Hugo, petite-fille du poète et écrivain français Victor Hugo. Finalement, son amour des pays froids se traduit par un changement de carrière : il devient explorateur polaire. Il mène sa première expédition en 1903 sur la première version de son bateau le « Pourquoi pas ? ».
L’histoire du « Pourquoi pas ? »:
Le bateau qui sombre le 16 septembre 1936 au large de Reykjavik est en fait le quatrième du nom. Il est construit à Saint-Malo comme les précédents, c’est un trois-mâts conçu pour l’exploration. Ce nom dont Charcot affuble tous ses bateaux à une symbolique particulière. Apparemment cette expression vient de la réponse qu’il donnait à ses détracteurs, à ceux qui ne pensaient pas qu’il puisse un jour devenir un explorateur polaire. Le premier « Pourquoi pas ? » est construit en 1893 juste après la mort du père de Charcot. Avant l’expédition funeste qui lui sera fatale, le Commandant Charcot a accompli plusieurs autres expéditions. Il a par exemple fait une mission en 1934 pour étudier les populations inuites. L’expédition qui nous intéresse plus particulièrement a pour objectif d’apporter du matériel scientifique au Groënland et plus particulièrement à la mission de Paul-Emile Victor qui venait de remplir une mission de sondage dans l’inlandsis (un énorme glacier), une mission qui a duré 50 jours. Jean-Baptiste Charcot ne participe pas à cette mission en tant que capitaine du « Pourquoi pas ? » mais en tant que chef de mission, alors âgé de 69 ans, il est trop vieux pour commander le bateau. Cette dernière expédition rencontre plusieurs problèmes dès le départ comme par exemple une épidémie de scorbut à bord : une maladie due au manque de vitamine C qui cause des déchaussements des dents, des purulences des gencives, des hémorragies. Elle peut aussi causer la mort.
Après un arrêt à Reykjavik le 3 septembre 1936 pour faire réparer la chaudière du « Pourquoi pas ? », l’équipage repart et c’est la dernière fois qu’on les verra vivants. La nuit du 15 septembre 1936, aux alentours de 16h, la pluie et le vent violent commencent à se lever : le navire est pris dans une tempête cyclonique. Vers 5h du matin, le navire heurte un récif par deux fois. La machinerie explose. Le « Pourquoi Pas ? » heurte un dernier récif et se couche sur le flanc, c’est alors le chant du cygne de la mission. Le naufrage fait 23 morts et 17 corps ne sont pas retrouvés. Les eaux sont glaciales et les marins qui n’ont pas été tués sur le coup meurent d’hypothermie. Le naufrage ne fait qu’un seul survivant : le maître timonier alors âgé de 19 ans, Eugène Gonidec est secouru par un Islandais. Il écrit par la suite son rapport sur le naufrage, c’est grâce à son journal que l’on peut connaître la chronologie précise des évènements.
Des expéditions polaires qui finissent mal:
Ces expéditions sont souvent extrêmement dangereuses à cause du froid extrême. Le ravitaillement est souvent difficile, il faut donc savoir le nombre de vivres exact à emporter au début du voyage, les escales sont rares. Nombreuses sont dans l’histoire celles qui ont fini de manière tragique. Cannibalisme à cause de la perte des vivres, membres amputés à cause des températures extrêmes, ces expéditions vont jusqu’à défier tout sens moral. On peut prendre pour exemple l’expédition du Pôle Sud de 1911 menée par deux explorateurs, le Norvégien Roald Amundsen et l’Anglais Robert Falcon Scott. Le voyage retour de la mission est un calvaire avec des températures de -42°C. Les corps gelés des explorateurs sont retrouvés huit mois plus tard et doivent être enterrés sur place.
Les zones polaires comme l’Arctique ou l’Antarctique sont des zones mystérieuses où il reste beaucoup de choses à faire, à explorer. Mais la dangerosité de ces expéditions pose un problème d’éthique : est-ce que la découverte scientifique justifie la perte d’autant de vies humaines ? Dans le cas de l’expédition Charcot, la quasi-totalité de l’équipage. Avec les nouvelles technologies du XXIe siècle, il est désormais possible de lancer des missions scientifiques qui sont moins risquées, mais un autre problème se pose. Il faut se rappeler que ce sont des zones fragilisées par le réchauffement climatique.
08.02.2022 - "Et pourquoi pas ?" - Sarah JAMBU
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