La France en est la championne du monde incontestée et sans doute encore pour des années. Elle écrase tous les autres pays. Mais on ne parle pas cette fois de gastronomie, de football ou de mauvaise humeur. Elle s’offre la classe de rang 1 mondial par son nombre de ronds-points !
En quel honneur me direz-vous ? Et bien c'est un français, Eugène Hénard qui a eu cette idée en 1906, avec le fameux rond-point de l’arc de triomphe à Paris (place de l’Etoile). Ces carrefours à sens giratoire réduisirent ainsi de 40% le nombre d'accidents de la route.
Les pouvoirs publics ont donc décidé d’en créer 30 000 en France qui cumule ainsi la moitié de ceux de la planète, soit 10 fois plus qu’aux Etats-Unis, et 3 fois plus qu’en Angleterre qui est en deuxième position. Seulement ce symbole national coûte un petit pactole. Chaque année ce sont 500 à 800 ronds-points qui s’élèvent dans les sinuosités de la circulation au prix de 200 000 à 1 million d’euro par pièce. Nonobstant ce prix exorbitant, avec les décorations plus ou moins artistiques dédiées à ces giratoires, il y en aurait pour 2 milliards de budget par an, tiré sur le contribuable pour cet « art giratoire ».
Mais les ronds-points ont été revisités ces dernières années, ne se limitant plus seulement à un prix ou un patrimoine historique. Effectivement depuis 2018, ils sont devenus les théâtres du mouvement des gilets-jaunes, leur offrant un plateau parfait pour revendiquer, se montrer et même bloquer la circulation. Ainsi devenus des lieux de politique et de rendez-vous, les giratoires gagnent encore l’esprit français et demeurent un symbole de la nation.
Faut-il donc supprimer ce gouffre économique en le remplaçant par des alternatives moins coûteuses comme des îlots séparateurs, ou ce « patrimoine » français doit -il être conservé ? Cette question a de quoi nous faire tourner en rond !
Utile à chaque instant, omniprésent mais on passe tous devant !
A chacun de nos trajets, elles sont là. Plus utiles qu’on ne le croit et en être fier, il y a de quoi. Il ne s’agit pas de nos chaussures mais de ce qu’elles écrasent dans la rue : les plaques d’égouts. Oui ça ne brille ni de luxe ni de style pourtant elles méritent notre admiration.
En effet les égouts qui nous offrent à tous un immense confort doivent être entretenus, nettoyés et même débouchés. Or ce n’est possible que grâce à ces plaques qui en donnent l’accès aux professionnels comme les égoutiers. Elles sont aussi salvatrices en cas de débordement des évacuations d’eaux pluviales ce qui évite une pression qui pourrait détruire les canalisations.
Mais comme les responsabilités sont grandes, elles sont dotées de grands pouvoirs… Leur processus de création se fait en majorité dans le Nord-Est de la France dans la ville de Pont-A-Mousson. En Europe c'est l' entreprise Saint-Gobain, créée en 1676 ! Ils sont aujourd’hui le leader européen de la fonte, alors que beaucoup d’entreprises ont fermé sous le poids de la concurrence indienne.
Car oui ces plaques doivent résister au passage de voitures pendant environ 20 ans sans broncher, ce qui explique leur poids de 50 kg. Pour soulever ces mastodontes, les égoutiers sont munis le plus souvent d’un té d’égoutier qui leur permet de ne pas trop se casser le dos durant les longues journées de travail.
Anecdote : Le 23 septembre 1990, lors d'une course du Championnat FIA Sport Prototype à Montréal, la voiture d’un pilote a été frappée de plein fouet par une plaque d'égout soulevée par effet de sol par la voiture qu'il suivait. La plaque l'a frôlé et a complètement traversé sa voiture. Celle-ci a percuté le mur et a pris feu, mais heureusement le pilote en est sorti indemne. Depuis lors, les plaques d'égout sont soudées lors des compétitions.
Nous pouvons donc aujourd’hui être fiers de ces créations présentes partout à travers le territoire français et même européen. Désormais vous saurez où vous mettez les pieds !
Thomas ABEL - 15 décembre 2021
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