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Des blasons régionaux made in Lycée Carnot

Dernière mise à jour : 9 juin 2022



« On peut faire beaucoup avec peu de choses »

Nous avons rencontré en entretien Louis-Albert Barnoud qui étudie au lycée Carnot en seconde année de classe préparatoire ECS et qui a créé sa propre entreprise. Il fabrique et vend ses propres créations en bois : des blasons à l’effigie des différentes régions françaises. Il nous livre dans cet entretien les étapes de la création et les coulisses de son entreprise.


Le thème de cette parution du journal est la création : qu’est-ce que cela t’évoque ?

Dans le cadre de ce que j’ai fait, la création ce n’est pas seulement l’objet, c’est aussi tous les procédés que l’on met en place pour le fabriquer, c’est trouver des solutions pour transcrire un dessin dans la réalité en étudiant toutes les possibilités techniques pour choisir la plus avantageuse en temps et en argent. La création est tout un processus.

Est-ce que tu peux nous présenter plus précisément ton projet, ce qui t’a poussé à le faire et quand tu t’es lancé ?

Le premier blason que j’ai créé est celui de la Bourgogne. Je voulais juste créer des objets en bois. Je les destinais déjà à la vente touristique et je trouvais que le magnet était ce qui correspondait le plus à ce que je voulais faire : un élément décoratif qui peut aller partout. C’est pendant le confinement que mon projet s’est affiné, j’ai pensé à un objet qui ne renverrait non pas à une ville mais à une région, c’est pour cela que j’ai créé le blason bourguignon, celui de ma région natale : je viens de Nuits-Saint-Georges. C’était aussi pratique pour moi car j’avais le contact d’une boutique touristique bourguignonne, j’avais une possibilité pour les vendre.

Avais-tu déjà créé d’autres objets en 3D avant les blasons ?

Oui j’ai commencé par créer des magnets à l’effigie de l’hôtel de ville de Meursault car j’avais le contact d’une boutique touristique de la ville qui avait accepté de les mettre en vente.

Pour leur donner vie j’ai réalisé plusieurs prototypes sur Word, puis je me suis acheté une scie à chantourner pour découper la forme du château dans du bois. Je les créais un par un en appliquant les couleurs avec des pochoirs et de l’acrylique.

Puis j’ai choisi le château du clos Vougeot comme nouveau modèle car c’est un monument emblématique de la Bourgogne.

Et en terminale j’ai fabriqué des sapins de noël avec le motif des toits polychromes bourguignons. J’ai réutilisé la même méthode mais cette fois ci je découpais les sapins dans du papier cartonné au cutter et j’avais fabriqué une planche de pochoirs pour les peindre plus vite même s’il fallait quand même les reprendre au pinceau. J’en ai créé une dizaine mais je ne les ai jamais mises en vente. Ce motif est encore à l’état de projet, peut être je le développerai en l’améliorant avec les nouvelles techniques que j’ai apprises.

Quelles sont les différentes étapes pour créer un blason ?

Dans un premier temps, je dessine mes prototypes sur Word ce qui me permet d’avoir une bonne base. Mais lorsque j’ai commencé à travailler avec une entreprise, il a fallu m’adapter et convertir les fichiers pour les rendre exploitables par celle-ci.

Lors du confinement, j’ai commencé à contacter des entreprises pour faire de la découpe laser, ce qui me fait gagner énormément de temps et me permet de créer les pièces en plus grande quantité. Je suis ainsi passé des planches de six pochoirs à des planches de trente pochoirs. Les blasons sont assemblés avec plusieurs pièces de bois aggloméré, un matériau pratique car lisse (pas besoin de poncer) et peu cher. Il faut jusqu’à dix-huit pièces de bois par blason. C’est en août 2020 que j’ai reçu les premières pièces créées par l’entreprise. J’ai fabriqué des outils pour faciliter l’assemblage des pièces, différentes stèles qui se superposent et emboîtent les pièces entre elles.

Pour la couleur, au début j’utilisais des pochoirs, cela prenait du temps car il fallait respecter des temps de séchage, mais par la suite j’ai contacté une association sur Dijon qui propose de faire de la sérigraphie. C’est une technique d’impression qui imprime un motif sur un cadran en tissu, l’encre passe ensuite à travers pour figer le motif. C’est pratique pour les motifs compliqués comme le lion pour le blason de la ville de Lyon. Cela enlève l’étape du pochoir, fait gagner du temps et permet une plus grande possibilité de motifs avec une plus grande précision.

Au début, il fallait vingt minutes pour faire le blason de la Bourgogne, à titre de comparaison, aujourd’hui il en faut cinq ou six pour celui de la Bretagne.



As-tu une “marque de fabrique” ou un élément signature ?

Ce qui est commun à toutes mes créations, c'est le gabarit du blason et la couronne dorée. J’utilise le même procédé de fabrication et les mêmes outils pour tous les modèles de blasons. Et je tenais aussi à rajouter une couronne dorée au-dessus de chaque blason. Même si c’est un élément qui prend plus de temps à assembler et qui coûte aussi plus cher, car il y a plusieurs détails découpés dans des planches plus fines, c’est une pièce qui habille le blason et lui donne plus d’élégance.

Est-ce que tu as déjà eu affaire à des institutions juridiques et administratives lors de ton parcours ? Comment ça se passe de créer une entreprise ?

Bien sûr, pour créer une entreprise il faut se déclarer à l’État. C’est gratuit et ce n’est pas si difficile. Je suis reconnu en tant qu’auto-entrepreneur. La seule contrainte c’est qu’il faut ensuite déclarer les revenus de la vente tous les trois mois puis payer des impôts en fonction des bénéfices, autour de 10 %.

Est-ce que tu rencontres des difficultés pour gérer ton entreprise, notamment à cause de tes études ?

Oui, j’ai mis mon projet entre parenthèses pour l’instant, la prépa prend vraiment beaucoup de temps. C’est surtout pendant les vacances d’été lorsque l’association de sérigraphie m’avait laissé utiliser leurs locaux, que je me suis occupé de l’assemblage des pièces et de la peinture. Cependant, je pense rouvrir le site internet bientôt pour les fêtes de Noël notamment. Même si c’est un projet qui demande du temps, il peut m’être utile pour les études car les écoles peuvent s’y intéresser.

Comment ont évolué tes créations et ton entreprise depuis le début de ton projet ?

Les créations sont déjà très différentes de celles du début en termes de qualité, aujourd’hui elles sont plus abouties.

J’ai aujourd’hui un compte Instagram où je poste en photo la collection des blasons et où je partage en image les étapes de création. D’ailleurs en créant ce compte j’ai dû réfléchir à une charte graphique pour créer une identité cohérente. J’ai aussi créé un site internet, accessible depuis la page Instagram, sur lequel je vends mes créations pour une dizaine d’euros.

Est ce que tu aimerais développer davantage ton projet ?

Pour l’instant mon but c’est de faire vivre le projet et de vendre toutes mes créations. Ces deux dernières années je me suis occupé à développer la production donc pour continuer à faire évoluer le projet je pense me concentrer davantage sur la vente, qui est aujourd’hui l’étape la plus difficile je trouve.

Je ne sais pas si j’arriverai à créer un blason pour chaque région mais j’aimerais avoir de nouveaux modèles, pour les deux prochains je pense faire l’Auvergne et la Savoie.

Pourquoi pas aussi développer d’autres lignes de produits, notamment avec des modèles plus petits pour les vendre plus facilement dans des boutiques touristiques qui recherchent des magnets moins chers. Ou au contraire créer des magnets de plus grande taille à l’effigie d’un monument historique pour les vendre dans des boutiques de château par exemple.

Quel conseil ou mot d’encouragement donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite lancer son entreprise de création ?

Faire les choses sans se poser trop de questions, sans trop penser à l’avenir. Il faut agir et s’adapter aux problèmes quand ils viennent. On peut faire beaucoup par soi-même et il faut apprendre par soi-même. En France, l'entrepreneuriat est facile d’accès, on nous en donne les moyens. Moi quand j’ai commencé, je n’avais jamais touché du bois. On peut commencer petit et avoir des résultats intéressants, on peut aussi faire beaucoup avec pas grand-chose.

 


Soutenez-le sur instagram: lab_bfc où il poste des photos de ses créations, que vous pouvez commander sur le site : https://labbfc5.wixsite.com/lab-bourgogne-f-c.


Soutenez le made in Carnot!



Sarah Jambu et Estelle Vogrig - 15 décembre 2021






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